Anne-Sophie Thiry crée l’Autrement Dit en 2007 dont l’objectif est d’harmoniser, humaniser et équilibrer les relations de soi à soi de soi à l’autre et de soi à son environnement. Elle nous en dit plus sur ce qu’elle propose aux enfants, adolescents et adultes.

Travaillez-vous seule ?

On est une petite équipe de 6 personnes indépendantes de thérapeutes et de formateurs, plus deux personnes qui nous aident au niveau de la communication et du graphisme.

Pourquoi avoir créé ce type d’ateliers avec ce genre de sujets comme la parentalité, la gestion des conflits parents-enfants ?

On a été les premiers en 2007 à se former à l’approche Faber et Mazlish dont les gens ont entendu parler dans le livre « Parler pour que les enfants écoutent. Écouter pour qu’ils parlent. » qui était un peu une révolution dans la manière d’envisager l’éducation des enfants. On s’est rendu compte que la société changeait et que les gens avaient besoin d’aide. On a formé énormément de parents et de professionnels de l’éducation. On a été reconnu en 2010 comme opérateur de formation pour l’ONE.

Quel public aidez-vous et comment ?

Tous les professionnels de l’éducation et de la santé, les parents (accompagnement à la parentalité), les enfants avec le cabinet en psychomotricité, les adolescents et aussi les adultes (burn-out, dépression, anxiété, deuil, …). Nous organisons aussi des formations en développement personnel et gestion des relations.

ParentEquilibre, qu’est-ce que c’est ?

C’est un accompagnement en ligne, pour des personnes francophones d’un peu partout dans le monde. Ça a été très prégnant pendant le confinement. Je faisais partie de « SOS Parents » qui aide les parents en difficulté lors du premier confinement. C’était du bénévolat et c’était très intéressant car certaines familles se sont vraiment retrouvées dans des situations difficiles, en appartement en ville avec un enfant qui pleure et le voisin qui tape au mur. Pas de possibilité de sortir, pas de balcon, etc. Beaucoup de maman seule, qui devait télétravailler la nuit quand l’enfant dormait.

Le but est d’accompagner les personnes. Il n’y a pas de formule toute faite. Il faut privilégier la relation, tout en mettant un cadre. Pourquoi ça s’appelle ParentEquilibre car tout est une question d’équilibre. Une recommandation peut marcher un jour et plus le lendemain. Notre job de parent est de chercher ce qui se passe, pourquoi ça marche hier et ça ne marche pas aujourd’hui. On cherche donc ensemble ce que l’enfant veut nous dire à travers son comportement et généralement quand on trouve les choses s’équilibrent.

Vous parlez de Communication bienveillante sur votre site, qu’est-ce que c’est ?

Marshall Rosenberg disait « Connect before correct » : se connecter avec l’enfant avant de vouloir le corriger. Si le lien n’est pas établi, c’est compliqué de mettre des limites par rapport aux écrans par exemple. L’enfant a besoin de comprendre que c’est parce que je l’aime que je pose un cadre, ce n’est pas pour l’embêter. Le lien, ça prend du temps et de la bienveillance, tout en gardant un cadre.

Vous avez créé la roue des émotions, dans quel cas l’utilisez et à quoi sert-elle ?

Il y a une version illustrée, une version adulte et une version adulte de poche.

Je l’ai créé car aucun outil de ce genre n’existait. Je voulais un outil qui permettait de décrire comment je me sens, quelle est ma météo. Quelle est l’émotion qui correspond à ma météo intérieure. La plupart des outils s’arrête ici. Je cherchais quelque chose qui met en relation les émotions et les besoins. Ça n’existait pas.

Ça va dans tous les milieux, chez les collègues psy, dans les familles, dans les entreprises, en gériatrie, les hôpitaux, les crèches, partout où il y a de l’humain. Je me souviens d’une assistante sociale qui travaillait avec une bénéficiaire qui venait chaque semaine me dire qu’elle était enragée, en colère. Et on lui disait « Respire, va marcher dehors, fais du sport ». Et à partir du moment où elle a pu dire quels étaient ses besoins, j’ai besoin de reconnaissance, de respect, alors elles ont pu se mettre en mouvement et essayer de trouver comment satisfaire ses besoins de reconnaissance. Cette roue est donc utile dans tous les milieux. Ça va aussi bien chez les collègues psy, dans les familles, dans les entreprises, en gériatrie, les hôpitaux, les crèches, partout où il y a de l’humain. Il y a 45 partenaires qui revendent nos roues, en français et en anglais. J’ai reçu aussi le témoignage d’une maman avec un enfant avec un trouble autistique. Elle me disait que son enfant avait 7 ans et n’avait jamais communiqué aucune émotion. Elle avait acheté la roue sans trop y croire et il a pris la roue et a commencé à lui expliquer plein de choses. Cette roue maintenant ne les quitte plus car c’est le seul moyen de cet enfant d’exprimer ce qu’il ressent et ses besoins.

Les livres que vous avez écrits ?

Le concours de Madame Gisèle : C’est un livre qui racconte une histoire à hauteur d’enfant autour de l’ennéagramme. C’est un outil qui pose neuf types de personnalités. Cette histoire démontre que les enfants peuvent réagir de neuf manières différentes à une même situation. Je voulais que les parents ou les enseignants comprennent qu’il n’y a pas à juger les réactions que les enfants peuvent avoir, parce que parfois dans les fratries les enfants réagissent totalement différemment. Je pense à une expérience récente que j’ai eu en cabinet. Une dame qui avait perdu son mari et ses deux enfants réagissaient de façon totalement différente : une qui pleurait tout le temps et l’autre qui est dans des comportements provocateurs. Comment expliquer cela ? On peut comprendre ça avec l’ennéagramme.

Et s’il était possible d’être un parent équilibré : un accompagnement pas à pas sur la parentalité. Il aide les parents à prendre conscience du pouvoir qu’il a sur son enfant. Parfois une seule phrase peut transformer une soirée : « Il est à peine dans la voiture qu’il commence déjà à brailler » ou « ça avait l’air d’être une journée difficile mon loulou, comment ça va ? », ça donne deux choses différentes. Il s’agit de comprendre que nos réactions vont avoir un impact immense sur le comportement et les émotions de l’enfant.

Pouvez-vous nous donner 2-3 conseils généraux que tout parent devrait connaître pour faciliter les relations, la compréhension avec son enfant ?

Question du lien : conscientiser que c’est sur le lien que tout peut se construire et sur l’écoute aussi. On est dans une société où tout va trop vite. Or écouter vraiment, ça demande de s’arrêter. On est souvent entrain de faire 25 choses à la fois, le nez sur notre téléphone. Quand on fait l’expérience de s’arrêter pour écouter l’enfant, on gagne du temps parce que l’enfant va se sentir compris et pris en considération.

Il est aussi important de poser un cadre. Le cadre ne peut être perçu par l’enfant que si on s’appuie sur le lien et que l’enfant s’est senti écouté.

Comment développer ce lien ?

Se laisser toucher par son enfant. Les petits sont tout le temps entrain de chercher le regard du parent qui a souvent les yeux sur son téléphone. On ajoute à ça les masques qui cachent les émotions, ça devient très problématique pour créer du lien. On remarque chez les petits, ils leur manquent une grande partie des informations très importantes pour se construire, construire le langage et la compréhension émotionnelle. Les petits guettent tous les petits mouvements de nos visages pour décrypter nos émotions. À partir du moment où le masque cache une bonne partie de ces informations, c’est très questionnant. Il est grand temps que tout ça s’arrête car des enfants vivent depuis deux ans face à des adultes masqués à la crèche par exemple. On remarque qu’il y a maintenant un retard chez ces enfants. Sans parler du climat anxiogène actuel. C’est donc essentiel que les parents prennent le temps pour construire du lien.

Nous sommes confrontés aux écrans quotidiennement, est-ce que ça peut devenir problématique pour les enfants et comment en gérer l’accès ?

Il y a eu un avant et un après confinement. Avant confinement, les écrans étaient déjà une source de conflits dans les familles. Le confinement a vraiment renforcé la problématique puisque les parents étaient bien contents d’avoir une solution pour pouvoir travailler et que leurs enfants ne les dérangent pas trop. Les grands enfants ont fait école à distance, sur des ordinateurs. Et donc ce que j’observe dans la pratique c’est que beaucoup de familles n’arrivent pas à reposer un cadre juste par rapport aux écrans et donc viennent me trouver avec des problématiques comme mon enfant de 8 ans passe 5-6 heures par jour devant les écrans et quand j’essaie de mettre des limites, il devient agressif, violent. Le but est de remettre de l’ordre, de l’équilibre. Ce que je remarque, c’est que les enfants qui ont joué à des jeux forts addictifs comme Fortnite par exemple, ça devient très difficile.

C’est une sorte de sevrage en réalité chez l’enfant, ça doit donc être accompagné. C’est à des heures où on est fatigué de sa journée, où on est pressé que les enfants se couchent. Les enfants aussi sont fatigués de leur journée, c’est donc très difficile de gérer l’accès aux écrans. On fait au cas par cas.

Vous avez de nouveaux ateliers en préparation ou d’autres nouveautés à venir ?

Evènements prochains :

  • Découverte de sa personnalité grâce à l’ennéagramme (6 + 7 mai)
  • Wendo (= apprentissage d’un positionnement assertif chez les femmes et les jeunes filles et des outils de self-défense.) pour adolescentes (23 + 24 avril)
  • Wendo pour dames et jeunes femmes (2+3/07)
  • Journée pour les familles
  • Atelier destiné aux papas
  • Ateliers de Home organising : Bazar à la maison : par où commencer ?
  • Ateliers Femmes en liens : un moment réservé aux femmes, un intervalle pour s’ouvrir à soi et au monde (1 soir par mois).
  • Ennéagramme et parentalité
  • Et ParentEquilibre qu’on peut suivre à tout moment, possibilité de mettre un rdv.

Nouveautés ?

  • Plusieurs ateliers sur l’observation de la nature et de son impact sur nous-même.
  • Atelier parents-très jeunes enfants (bébés).

Retrouvez l’équipe de l’Autrement dit sur www.lautrementdit.net.